Walt Disney et Georges Lucas ont assurément marqué l’histoire de l’industrie cinématographique, l’un par ses dessins animés, l’autre par sa double trilogie Star Wars. Cependant le fabuleux destin de la Walt Disney Company s’était arrêté là où celui de George Lucas avait commencé. Dans les années 1980, les imaginieurs qui souhaitaient profiter de l’engouement du public pour des thématiques futuristes décident après des essais infructueux en la matière (n’est pas maître de la science-fiction qui le veut, qui en effet se souvient du Trou Noir ?) de s’allier avec George Lucas. L’une des premières naissances issue de ce mariage décidé par Michael Eisner, alors à la tête de la célèbre firme, est celle de Captain EO, une aventure fantastique exploitant le talent et la passion pour son art de Michael Jackson.

Sommaires

We Are Here To Change The World:

Nous sommes en 1985, deux ans avant l’ouverture de Star Tours. Cette année là a été entrepris dans le plus grand secret le tournage d’un film 3D destiné aux parcs américains, EPCOT en premier. Sous le haut patronage de Francis Ford Coppola, produit par George Lucas, avec les conseils de Vittorio Storaro pour les effets visuels, sur une musique de James Horner, la prodigieuse aventure de Captain EO, dont le nom est une référence directe au dieu antique Eole, prenait vie. Grâce à un casting prestigieux, cette attraction avait tous les atouts pour être un franc succès. Dès son ouverture au Magic Eye Theater d’EPCOT, le 12 septembre 1986, la chose se confirma. Ce film futuriste à la pointe de la technologie fut à sa sortie le plus cher jamais produit selon la base du prix à la minute. Selon Disney, les 17 minutes du film auraient coûté la modique somme de 17 millions de dollars. Officieusement, certains estiment le film à une somme pouvant aller jusqu’à 30 millions de dollars. Un budget faramineux, certes, mais à la hauteur des ambitions de Disney et du casting puisqu’il convient de rappeler qu’après la sortie de Thriller, album qui a révolutionné l’histoire de la musique, Michael Jackson était alors au sommet de sa gloire. Au programme pour le spectateur: effets de fumées bien réels, lasers traversant la salle sur fond de film 3D accompagné par deux musiques du Roi de la pop, We are here to change the world et Another part of me, le tout sublimé par des chorégraphies et une mise en scène digne du clip Thriller.

The Supreme Leader, Fuzzball, Geek, Hooter

Le film en lui même s’ouvrait sur l’image d’un astéroïde qui s’approchait dangereusement du spectateur avant d’être réduit en morceaux par le vaisseau du capitaine. L’histoire est celle du Captain EO et de son joyeux équipage: Hooter, petit éléphant vert qui tire de sa trompe en forme de flûte des notes de musique à chaque éternument; Fuzzball, singe de l’espace à la robe orange et aux ailes de papillon; Geek, personnage à deux visages tout en or dont les 2 têtes hirsutes se nomment Idee et Odee; Major Domo dont le corps métallique se mue en batterie sur laquelle Fuzzball se plait à jouer; Minor Domo, l’inséparable compagnon de Major Domo qui pouvait se transformer en synthétiseur électronique. Leur mission nous conduisait, sous l’étroite surveillance de leurs supérieurs, vers une planète sans couleur dirigée par l’abominable Supreme Leader (Angelica Huston). Notre équipage a en effet l’intention de transformer cette planète en un lieu de bonheur grâce à la musique de Captain EO. La mission de Captain EO était donc simple: apporter comme cadeau la couleur, la lumière, la danse et la musique aux habitants de cet empire maléfique situé aux confins de l’univers.

Dans un premier temps, l’équipage a bien du mal à localiser sa destination. Résultat malheureux, ce dernier est contraint à un atterissage d’urgence marqué par une collision avec une balise. Captain EO et son équipage doivent alors affronter les guerriers en noir et blanc qui les conduisent devant leur souveraine, une reine vêtue de noir et blanc et suspendue dans des engrenages de métal.

Lorsque l’équipage du Captain EO s’apprête à remette le cadeau, Hooter, connu pour sa maladresse, est la cause d’un retard qui permet à la Supreme Leader et ses guerriers de passer à l’attaque. La lumière, la musique et l’énergie de Captain EO ont finalement raison des forces obscures, l’univers ténèbreux se transformant par magie en un agréable temple grec coloré. Une fin très classique et digne de Disney.

Captain EO à Disneyland Paris

Selon Rusty Lemorande, producteur du film, « Dans Captain EO, la technique en trois dimensions a été utilisée afin d’abolir les frontières qu’impose l’écran ». Les 695 spectateurs de la salle parisienne pouvaient ainsi vivre plus intensément l’aventure et l’illusion. La technologie tri-dimensionnelle utilisée pour le film constituait alors l’intérêt principal du film. Dès le début, la projection du film était accompagnée de tirs de ballons, d’anneaux et autres projectiles en direction des spectateurs. Les sons, les lumières et les effets de fumée qui fusaient dans la salle accompagnaient l’action à l’écran pour ajouter au réalisme et à l’intensité du film, projeté sur un écran géant de 18 x 8 mètres. Bien que le film ne durait que 17 minutes, il a exigé, par sa complexité, autant de temps que pour un long métrage. En effet Captain EO bénéficiait de 60 ans d’essais de divertissements cinématographiques en trois dimensions dans l’industrie cinématographique. En collaboration avec Walt Disney Imagineering, les laboratoires de recherche « Eastman Kodak Company » de Rochester ont mené d’importantes recherches qui ont abouti à la mise au point de péllicules, de caméras et de matériels différents de tout ce qui existait alors. Les systèmes mis au point ne permettaient la projection de ce film uniquement dans des salles conçues à cet effet!

Suite au succès de l’attraction, les dirigeants de Disney eurent l’idée de l’implanter à Tokyo en 1987 et à Paris (en version originale) en 1992. Coup de génie pour les studios Disney qui étaient alors en mesure de rentabiliser un film déjà tourné grâce à la notoriété mondiale de Michael Jackson. Le temps a cependant fait son ouvrage, et avec lui, les modes changèrent. Au fil du temps la notoriété de Michael Jackson ne fut plus la même et les effets spéciaux furent dépassés. Le film commençait à se faire vieux. De plus, la presse anglaise avait révélé un litige entre la star et Disney suite à des notes d’hôtel non payées au Disneyland Hotel de Paris, Michael Jackson invoquant pour sa défense les rentrées d’argent que le film rapportait à Disney. Le destin de l’attraction fut scellé en 1994 lors de sa fermeture à EPCOT. Telle une mécanique, l’engrenage se mit en route. En 1996 ce fut au tour de Tokyo de dire adieu à Hooter suivi de la Californie en 1997. Le dernier voyage spatial mondial de Captain EO fut effectué le 17 août 1998 à Disneyland Paris.

Captain EO à EuroDisney, 1992.

  • Titre : Captain EO
  • Réalisateur : Francis Ford Coppola
  • Scénaristes: George Lucas, Francis Ford Coppola et Rusty Lemorande
  • Effets spéciaux : Industrial Light & Magic
  • Producteur : Rusty Lemorande, George Lucas (exécutif)
  • Date de sortie : 12 septembre 1986
  • Musique : James Horner
  • Durée : 17 min

Avec Michael Jackson (Captain EO), Anjelica Huston (The Supreme Leader), Dick Shawn (Commander Bog), Debbie Lee Carrington (Idee), Tony Cox (Hooter), Gary DePew (Major Domo), Cindy Sorenson (Geex), Percy Rodriguez (Narrateur).

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