Aujourd’hui, dans le monde du divertissement, il y a Disney…et les autres. La souris a accouché d’une telle fortune que les entreprises concurrentes ont vite fait de prendre vie. Aujourd’hui, Disney n’est plus seul à essayer de faire rêver petits et grands: sur son terrain, on trouve la Fox, la Warner, Dreamworks, Universal, AOL…couvrant le domaine des parcs d’attractions, du cinéma, de la télévision, d’internet…mais ces tentatives de putsch contre le roi Mickey ont elles réussies? Lisez ce dossier pour le savoir…
Sommaires
L’animation au cinéma
Pendant longtemps, Disney est resté le seul à produire des long-métrages d’animation. Un par an, c’est la tradition. Aucun studio n’osait s’opposer à cette énorme entreprises aux moyens illimités, d’une réputation déjà fondée. Du coup, associer tous les grands au label Disney était devenu un réflexe… jusqu’à aujourd’hui, le secteur de l’animation étant en train de vivre une petite révolution qui pourrait bien renverser à terme le trône détenu par Disney depuis près de soixante ans. Avec Anastasia, la Fox a non seulement été le premier à tirer les oreilles de Mickey, mais a aussi entraîné dans son sillage d’autres grands studios, déterminés à se faire une place au soleil. Une partie de poker aux enjeux faramineux dans laquelle certains ont perdu gros. Petite revue de détail.
Animation : Toon univers impitoyable
La sortie d’un dessin animé concurrent de Disney n’est pas en soi un évènement. L’empire a déjà du affronter de sérieux rivaux, à commencer par Don Bluth, qui claqua la porte de l’oncle Walt en 1979 pour fonder sa propre société de production indépendante. Après Brisby et le secret de Nimh (1982), il est remarqué par Spielberg, qui finance, via Amblin, Fievel et le nouveau monde (1986) et Le petit dinosaure et la vallée des merveilles (1988). Sans exploser le box office américain, ces deux films engrangent chacun près de 48 millions de dollars. Mais le miracle ne se reproduit pas : les suivants (Charlie, Rockorico) sont des bides, jusqu’au désastre Poucelina (1994), qui termine sa carrière à 11 millions de dollars. Mickey à la dent dure, mais surtout une formidable logistique promotionnelle (campagne tous azimuts, produits dérivés…) qui lui assure un règne sans partage depuis ses débuts. Qu’à cela ne tienne : si la clé du succès passe par le soutien et l’encadrement de la production d’un grand studio, la Fox est prête à relever le défi. C’est à ce titre que le lancement d’Anastasia a fait l’effet d’une bombe dans les milieux de l’animation.
L’initiative, on la doit, une fois n’est pas coutume, à un ancien de chez Disney : entré chez la Fox en 1993, Bill Mechanic lance la construction des studios d’animation de la Fox à Phoenix, embauchant Don Bluth et son acolyte Gary Goldman. » Les studios sont aujourd’hui convaicus du potentiel financier de l’animation, et rejoindre la Fox nous permet de bénéficier d’un support marketing indispensable pour percer durablement dans ce domaine « , commentent les interressés. Trois an de travail menés par plus de trois cent cinquante artistes recrutés de par le vaste monde, et la légende d’Anastasia prend corps.Et ses créateurs d’imposer leur style, comme l’explique Don Bluth : » Hercule est un bon dessin animé, plein d’humour, mai qui ne suscite pas d’émotion. Je ne crois pas qu’on puisse transformer, comme le fait Disney, un processus artistique en formule magique. L’art n’est pas une industrie, il faut savoir prendre des risques, parler avec son coeur. Ce qui fait l’originalité d’Anastasia, c’est justement la complexité et la profondeur des personnages. » Il est vrai que Hercule ne fut pas un bon cru, mais peut-on en dire autant du Roi Lion, ou de Tarzan, M. Bluth ? A l’évidence, Anastasia vise un public plus adulte, plus sophistiqué en misant sur le réalisme des dessins. Peut-on pour autant parler de révolution ? » En fait, la vraie nouveauté, elle se trouve d’un point de vue purement marketing » répond Jean-François Camilleri, directeur de Gaumont Buena Vista. Sur ce point, la Fox n’a pas lésiné sur les moyens, dépensant presqu’autant pour la promotion du film que pour sa ralisation qui avoisine les 50 millions de dollars : spots télé en prime time, presse, merchandising sauvage, partenariat avec Burger King, et bien d’autres. Mais Disney, qui a senti le coup venir, a répondu de manière foudroyante, en lançant sur le marché La Belle et La Bête 2 en vidéo, et surtout la reprise en salles de La Petite Sirène, datant de 1990. Résultat des courses, la Fox engrange 15 millions de dollars pour son premier week-end, contre 6 millions de dollars pour Ariel sauvée des eaux, mais peine à franchir la barre fatidique des 50 millions de dollars. Le résultat, loin d’être un coup d’épée dans l’eau, est suffisamment honorable pour convaincre les autres studios de s’engouffrer dans la brèche ouverte par la Fox. Autre indicateur favorable, les résultats décevants enregistrés par le Bossu de Notre-Dame, et Hercule, autour de 100 millions de dollars, soit 30 % de moins que Pocahontas (1995) (qui en fait avait connu son succès grâce au Roi Lion qui avait extrêmement bien marché, le public avait donc pris confiance en Disney, mais il s’avéra que Pocahontas n’était pas à la hauteur de ce qu’on pouvait attendre des studios Disney, ce qui démotiva le public vis à vis de Disney). La guerre des toons a donc bien eu lieu, et certains ont cru voir lors de la sortie du Prince d’Egypte en 1998 (Dreamworks) la fin du monopole exercé par Disney, dont le prestige pâtirait d’un manque de renouvellement et d’audace. Ce qui était peut-être aller un peu vite en besogne, quand on voit le succès de Tarzan et l’échec de Road to Eldorado, le deuxième DA de Dreamworks. Apparemment nous avions oublié que l’usine à rêves a plutôt bien résisté à l’épreuve du temps.. L’occasion d’un petit retour vers le passé, au temps de l’âge d’or du long métrage d’animation.
Les recettes de l’Oncle Walt :
» Être le premier et le plus grand dans le monde « , telle était la devise de . Fort du succès rencontré en 1928 par Steamboat Willie, le premier cartoon sonore, le père de Mickey commence à faire fructifier ses dividende grâce au copyright de la souris qu’il a eu la bonne idée de déposer à son nom. Avec Blanche-Neige et les Sept Nains, sorti fin 1937, il risque gros : comment soutenir l’attention du public pendant 1h30 grâce à l’enchaînement de simples dessins ? Tout simplement en appliquant les recettes de la production hollywoodienne, fondée sur l’ » entertainment « . Traduisez : un cinéma consensuel qui plaît au plus grand nombre, en somme un produit destiné à la consommation de masse. Et Walt Disney ne s’en est jamais caché ! Blanche Neige et les Sept Nains est un triomphe public (à l’époque, 8 millions de dollars) et critique (Oscar spécial en 1939). Ce succès, il s’explique tout autant par la méthode de travail Disney (recruter les meilleurs animateurs, les perfectionner au sein d’une école d’art maison, division taylorisée des tâches) que par l’efficacité d’un scénario quasi immuable. Tout d’abord, une histoire adaptée d’une légende ou d’un conte bien connu des enfants et des parents, dont on balaye non pas l’aspect terrifiant (les enfants adorent), mais plutôt les éléments choquants d’un point de vue moral ou sexuel. Le happy-end est de rigueur, ainsi que l’exaltation des valeurs familiales et la quête de soin au travers des épreuves. Plus un savant mélange d’humour – souvent dévolu aux animaux de compagnie des héros – et de frissons, avec des méchants hauts en couleur qui ont tendance à voler la vedette aux personnages principaux. Enfin, les incontournables chorégraphies chantées et dansées, intercalées aux moments clés du film, comme dans les meilleures comédies musicales…
Au fil des ans, l’héritage Disney se consolide, laissant peu d’occasions d’échapper au moule d’origine : Fantasia (1940), monté autour de huit extraits de musique classique, tout comme Taram et le Chaudron Magique (1985), sombre et dénudé d’humour, en sont les preuves malheureuses. Et le verdict du public est sans appel. D’où la cohorte de dissidents Disney, lassés de voir leur imagination bridée, qui vont tenter leur chance ailleurs, de Don Bluth à… Tim Burton, qui faillit craquer sur l’élaboration du tandem guimauve de Rox et Rouky ! Mais Disney résiste aux multiples spéculations sur la chute de son empire, tandis qu’à l’étranger, quelques perles rares marquent l’histoire du dessin animé sans pour autant s’imposer sur le territoire américain. Citons, pour la France, René Laloux avec La Planète Sauvage (1973) puis Les Maîtres du Temps (1981); Le Roi et L’Oiseau (1979) du tandem Grimault/Prévert, sans oublier l’animation tchèque, russe ou polonaise, ainsi que les coproductions pompant les classiques de la BD, entre Astérix chez les Bretons (1986, franco-danois), et Le Triomphe de Babar (1991, franco-canadien). Mais aujourd’hui, tous les regards se tournent vers le soleil levant. Créé en 1984, le studio Ghibli prouve aujourd’hui aux yeux du monde que l’animation japonaise ne se limite pas à » Goldorak » ou » Dragon Ball Z « . Le Tombeau des Lucioles (1989) réalisé par Isao Takahata, plonge au coeur de l’après-guerre à travers l’émouvante odyssée d’un frère et d’une soeur devenus orphelins. Acclamé par la critique, il bat tous les records d’entrée dans son pays, dépassant les résultats du Roi Lion ! Trois ans plus tard, Porco Rosso, signé Hayao Miyazaki, récidive l’exploit face à La Belle et La Bête. La preuve qu’un cochon pilote d’avion, mystérieux et bourru, fait autant rêver qu’un prince en technicolor ! Seulement, Disney reste le champion du Box Office mondial et démontre à la fois sa capacité de renouer avec l’inspiration d’antan (Le Roi Lion en est le plus bel exemple) et de prendre en marche le train des nouvelles technologies pour s’aventurer dans les nouveaux champs d’animation.
Une souris et des hommes
Le problème de l’animation dite » classique « , c’est la capacité du public à s’imerger totalement dans un monde imaginaire. D’où le succès du dessin animé envers un public majoritairement composé d’enfants, alors que les adultes rechignent bien souvent face à cette transformation du réel. L’évolution des techniques va progressivement réduire les écarts. Premièr jalon : mélanger l’animation aux prises de vues réelles. Disney s’y est attelé en 1965 avec Mary Poppins, puis en 1977 avec Peter et Elliott le dragon. Pour révolutionnaires qu’ils ont paru à l’époque, force est de constater qu’ils ont pris un sacré coup de vieux. Mais ce genre connnaît un nouvel essor en 1988 grâce à Disney qu sort l’époustouflant Qui veut la peau de Roger Rabitt ?, produit par Spielberg. Mais cette fois, les techniciens se sont surpassés, et grâce à l’informatique, les toons évoluent dans un monde réel, utilisant même des accessoires réels comme Roger qui éternue dans un vrai mouchoir ! Durant la première prise de vue, les acteurs jouent leur rôle tandis que des robots animés par l’électronique manipulent des objets. Lors de la seconde prise au banc-titre, image par image, on » efface » les robots pour les remplacer par des toons, et l’ordinateur fignole le tout. D’autres s’empressent d’exploiter ce filon, avec plus ou moins de bonheur, de Cool World (1992) de Ralph Bakshi, à Space Jam (1997), techniquement irréprochable, mais au scénario limité. Dernièrement, ce sont les Aventures de Rocky & Bullwinkle de Universal qui s’est violemment planté.
En fait, le véritable Big-Bang dans l’exploration des nouvelles formes d’animation arrive avec Toy Story, qui ouvre l’ère du » tout virtuel » en 1996 (Tron, toujours de Disney, en 1981, en était une ébauche). Commandé par Disney à Pixar, le film tient du tour de force : story board, décor conçu virtuellement en trois dimensions, personnages modelés en argile puis numérisés, logiciels de pointe permettant d’extrapoler les mouvements à partir d’une seule image… Le résultat est saisissant, sauf en ce qui concerne les humains de l’histoire, ce qui est plutôt rassurant ! Le succès est au rendez vous pour un coût 30 millions de dollars (ce qui n’est rien comparé au Roi Lion : 45 millions de dollars, Tarzan : 150 millions de dollars). Mais le dessin animé traditionnel n’est pas mort, au contraire, puisque maintenant, les images de synthèses seront utilisées comme support pour ce dernier, et ne serviront qu’à l’améliorer. Dès 1986, elle fait son entrée chez les pour pimenter la bagarre finale de Basil, détective privé au sommet de Big Ben. Depuis, le numérique permet de relever les défis les plus fous, le bal de La Belle et la Bête, Aladdin, Le Bossu de Notre Dame, Le Roi Lion, Le Prince d’Egypte, etc, etc…. Mais la Fox ne s’en prive pas non plus, puisque Anastasia et encore plus Titan AE comprennent beaucoup de scènes entièrement réalisées par ordinateur, malheureusement encore trop voyantes ! C’est pourquoi aujourd’hui, le travail des infographistes est de mêler au mieux les images de synthèse et les dessisn traditionnels, comme cela est fait de manière remarquable dans Mulan ou Tarzan ainsi que le Géant de Fer de la Warner (où le robot entier est en trois dimensions !), ainsi que dans une moindre mesure dans le Prince d’Egypte. Cette machine qu’est l’ordinteur est devenue au mieux un auxilliaire de création qui raccourcit largement les temps de travail des animateurs, et qui permet de repousser les limites de l’imagination, à condition qu’elle se montre à la hauteur des progrès…
La concurrence sera rude…
L’imagination. Les grands studios américains sont déterminés à prouver que Disney n’en a pas le monopole : outre la Fox, Warner Bros.et surtout Dreamworks représentaient à eux trois les concurrents les plus sévères de Disney. Jusqu’à il y a peu:
Cependant, l’avenir de la Warner dans le domaine de l’animation semble sombre après les échecs cuisants d’Excalibur, du Roi et Moi et du Géant de Fer. Il est dommage que Warner n’ait pas essayé d’innover plutôt que de pondre un pseudo-Disney de piètre qualité avec Excalibur, et malgré l’originalité du Géant de Fer, que les directeurs marketing aient si peu cru en ce film. Comme quoi les deux comptent. La Fox a quand à elle définitivement mis la clé sous la porte, après l’échec cuisant de Titan AE (20 millions de recettes pour 75 millions de budget). Ici, les réalisateurs ont plutôt mal ciblé leur public, offrant une vision animée de Star Wars sans grand intérêt. Anastasia, bien que plus réussi, possède également une touche Disney mais sans la qualité Disney. En fait, on dirait que les films faits par les récurrents sont des films qu’aurait fait Disney il y a 5 ans, et ils sentent le démodé. Ce film sera surtout mémorable pour ses décors, sublimes, tounées en Cinémascope. Universal n’a pas encore tenté sa chance dans l’animation récente, à part pour certains films cofinancés avec Amblin, la maison de Steven Spielberg: Balto, ou Fievel et le Nouveau Monde, en sont des exemples. Après les déconvenues des concurrents de Disney dans la bataille pour le règne du dessin animé, même leur projet d’un Frankenstein en CGI est semble-t-il tombé à l’eau. Reste à savoir s’il existe un marché potentiel suffisant pour accueillir tous les autres films en préparation. Car Dreamworks n’est pas prêt de plier bagage, malgré le semi-échec de the Road To Eldorado. En effet, fort du succès de Antz (légèrement réchauffé sur a Bug’s Life de Disney) , Prince of Egypt et Chicken Run, le département animaion de la société de Steven Spielberg prépare de nombreux projets, comme un western (Spirit), un film CGI sur les éléphants (Tusker) ou un film 3D sur les ogres (Shrek). Même Warner fera une ultime tentative avec Osmosis Jones, un mélange animé/réel. Selon Bill Mechanic, ancien patron de la Fox la qualité sera le facteur déterminant. Pour Jean François Camilleri, directeur marketing de Buena Vista International, » Tout dépend de la stratégie des distributeurs. Et puis ce sont les films qui font le marché… Disney a un atout de taille : son label représente beaucoup pour le public, c’est la seule maison de production qui a son nom comme argument de vente. «
Une inconnue de poids, l’attente du public en matière d’animation. Au vu des principaux projets développés par les majores américaines, il est clair que jusqu’alors et dans l’avenir, la diversité sera au rendez vous:
Les projets proposés en matière d’animation ont été en 1998 / 1999 / 2000 très divers : nous avons eu droit à l’histoire de Moïse via le Prince d’Egypte (220 millions $ dans le monde), une légende chinoise via Mulan (300 millions $ dans le monde), une légende tirée de la Table Ronde (un flop total), une histoire de science-fiction sans numéros musicaux avec Le Géant de fer, une légende immortelle avec Tarzan, qui présente de nouveaux procédé d’animation, une aventure située à Eldorado… On nous prépare aussi pour un futur proche des histoires d’incas (The Emperor’s New Groove), une histoire sur l’Atlantide (Atlantis) et une autre sur une ‘Ile au Trésor version science-fiction, et même des westerns ! La tendance actuelle se tourne vers une réduction du nombre de chansons par film, et à des scénarios plus élaborés capables d’attirer l’attention des plus agés. Reste à savoir comment le public réagira à cette profusion de dessins animés, dans un calendrier où sont ressorties également des formules qui ont fait leurs preuves comme un Toy Story 2 en novembre 1999 aux USA et un Fantasia 2000 en janvier 2000. Bref, les sorties vont continuer à s’encombrer à Thanksgiving et à Noël, ou durant les vacances scolaires. Les gens risquent de se lasser…sauf si les productions sont toutes excellentes, affirment les patrons des grands studios.
En bref, le dessin animé a encore de beaux jours devant lui… Mais le public saura trancher entre les bons ou les mauvais dessins animés, car en fin de compte, c’est pour lui et sa distraction qu’ils ont été inventés, alors…Bref que le meilleur gagne… pour le plus grand plaisir des spectateurs !