Titre Original: Lady and the Tramp . Année: 1955. Durée: 75 minutes. Réalisateurs: Hamilton Luske, Wilfred Jackson et Clyde Geronimi. Musique: Oliver Wallace. Voix Francaises: Barbara Tissier (Lady), Guillaume Lebon (Clochard), Sophie Deschaumes (Darling), Marie Ruggieri (Peg), Paule Emmanuelle (Tante Sarah), Pierre Baton (Jock), Roger Carel (Bouledogue), Pascal Renwick (César), Eric Métayer (Le Castor).

L’histoire autour du film Disney

En 1937, l’animateur et conteur Joe Grant montra à Walt Disney un dessin de son chiot épagneul springer nommé Lady. Intrigué par le dessin, Walt lui a demandé de créer un storyboard à partir du chien. L’histoire originale raconte que l’épagneul a été remplacé par un bébé et une belle-mère avec des chats. Walt n’était pas satisfait de l’histoire et le projet a été abandonné. Des années plus tard, Walt a lu une histoire de Ward Greene, Happy Dan : Le chien cynique qui a ravivé son intérêt pour le projet. Walt a décidé d’ajouter un chien mâle cynique à l’histoire précédente et le film a commencé à prendre forme. Comme c’était la première fois qu’un film d’animation Disney n’était pas basé sur un livre populaire ou un conte de fées, Walt a demandé à Ward Greene d’écrire un roman qui est sorti avant le film, mais c’est en fait le roman qui est basé sur l’histoire Disney, et non l’inverse (malgré le générique et le poster original qui disent).

Pour les chansons de Lady and the Tramp, Walt est allé voir l’auteur-compositeur-interprète pop Peggy Lee et son partenaire, Sonny Burke. La seule chanson qu’ils n’ont pas écrite était « Peace On Earth », écrite par Oliver Wallace, qui a écrit la partition. Suite au travail de Peggy Lee sur les chansons, elle a été choisie comme voix pour plusieurs personnages. Le personnage Peg porte son nom, mais elle a aussi chanté Si et Am the Siamese cats, Mme Darling et était la voix de Lady. Barbara Luddy a fourni la voix parlante pour Lady, puis pour Meriwether dans La Belle au bois dormant et Kanga dans Winnie l’ourson. Verna Felton a exprimé tante Sarah, qui avait également exprimé la Reine de Cœur dans Alice au pays des merveilles et la Fée Marraine dans Cendrillon.

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Lady and the Tramp a été le premier film d’animation jamais réalisé sur grand écran CinemScope et a été le deuxième film de Disney à utiliser le format ultra-large, le premier étant 20.000 Leagues Under the Sea. Comme la caméra et le film étaient plus grands, le papier utilisé par les animateurs et les arrière-plans devaient être plus grands. Cela a augmenté le coût de production et le temps nécessaire à l’animation. De plus, l’animation a été filmée deux fois, en CinemaScope et en plein écran pour les salles qui n’étaient pas encore équipées de CinemaScope. L’animation à elle seule a pris 3 ans à réaliser.

Le film commence la veille de Noël, au tournant du siècle. « Jim Dear » offre à sa femme, « Darling », une boîte à chapeau avec un chiot à l’intérieur, qu’ils appellent Lady. Lady grandit rapidement et quand ses propriétaires commencent à agir différemment, Lady suppose qu’elle a fait quelque chose de mal. Il s’avère qu’ils attendent un bébé. Alors que Jock et Trusty, les chiens voisins, expliquent ce qu’est un bébé à Lady, un chien errant nommé Tramp entend et interrompt pour expliquer que les bébés ruinent les maisons des chiens. Le bébé est né et peu après, Jim Dear et Darling quittent la ville, laissant tante Sarah en charge. Elle ne laisse pas Lady s’approcher du bébé et quand deux chats Si et Am font des bêtises, c’est la faute à Lady. Tante Sara essaie de mettre Lady dans une muselière, mais elle s’enfuit et Tramp la sauve. Il emmène Lady dîner chez Tony, où elles sont sérénadées pendant que l’amour s’épanouit entre elles. Le lendemain, lorsque Clochard tourne le dos, le receveur trouve Lady et l’emmène à la fourrière, où elle apprend que Clochard est connu pour être un briseur de coeur. Quand on vient la chercher, tante Sarah l’attache à la niche. La dame est enchaînée et est incapable d’attraper un rat qui entre dans la chambre des bébés, alors Tramp entre dans la maison pour se défendre. Tante Sarah trouve Tramp après qu’il ait vaincu le rat, mais elle ne réalise pas ce qu’il a fait et appelle la fourrière. Pour éviter que Tramp ne soit abattu, Jock et Trusty poursuivent le camion du receveur de chiens pour libérer Tramp. Trusty est blessé dans le processus, mais ils ont réussi et quand Jim Dear et Darling trouvent le rat et réalisent que Tramp a sauvé leur bébé, ils l’adoptent. Le film se termine à Noël alors que le bébé joue avec les chiots de Lady and the Tramp.

Le dessin animé La Belle et le Clochard

Lancé dans deux aventures majeures, Disneyland et la télévision, Walt Disney trouve encore le temps d’examiner l’histoire de deux chiens. Le titre Lady avait été enregistré dès 1937, et deux ans plus tard s’élaborait un premier script. En 1940, on associe à Lady un partenaire bâtard : Homer, alors en concurrence avec d’autres chiens des rues pour le coeur de la belle. On y ajoute bientôt Tante Sarah et les chats.

Le bâtard se voit rebaptisé Rags, puis Bozo, pour longtemps. En 1943, les premiers storyboards sont confectionnés, mais les scénaristes piétinent. Le salut viendra d’un homme alors à la tête de King Features Syndicate, l’organisation chargée des bandes dessinées Disney. Ward Greene, dont il s’agit, avait écrit une petite histoire, Happy Dan, le chien cynique. Roy soumit l’idée à Walt qui vit là un bon moyen de faire avancer les choses. Il demanda en fait à Greene de mettre au point sa propre version de Lady & Bozo, sorte de mixage des deux scénarios. Ceci engendra le titre édifiant que voici : Happy Dan, le chien siffleur et Mademoiselle Patsy, la belle cocker. Lady perdit ensuite le nom de Patsy. L’équipe composée de Penner/Rinaldi/Wright et Da Gradi, stimulée par l’arrivée d’une concurrence extérieure en la personne de Greene, redoubla d’énergie. Ensemble, ils réussirent enfin à concocter le chef-d’oeuvre qu’est La Belle et le Clochard.

A présent je vais m’intéresser aux différents aspects du scénario ainsi qu’à la mise en scène du film qui a subit, comme beaucoup d’autres films d’animation, bien des changements avant d’arriver au final.

Dans ce film les scènes mémorables sont nombreuses et de qualité. Et s’il faudrait n’en citer qu’une, je dirais sans hésiter la scène où les deux chiens, mangent des spaghettis à la bolognaise accompagnés en musique par les deux italiens. Inoubliables…une scène si romantique.

Cependant, le scénario subi maintes retouches avant la version que nous connaissons. En exemple, il était voulu qu’un narrateur intervienne dans l’histoire mais cette suggestion fut vite retirée elle risquait de dénaturer le film. Pourtant, ce type de narration fut repris bien des années plus tard dans le film intitulé : La Belle et la Bête. Cette tentative risquée marcha fort bien, puisqu’elle mit en valeur le prologue d’une façon mystérieuse, si bien illustré et dont le succès de ce film n’est plus à démontrer.

Après cette parenthèse, revenons au film La Belle et le Clochard dont j’indiquais les changements de scénarios. En voici, deux autres exemples qui furent également rejetés. Tout d’abord, les scénaristes avaient imaginé faire gagner Lady dans un concours pour souligner davantage le contraste entre les deux mondes antagonistes du vagabond et de la belle. Puis, il était convenu de faire apparaitre une longue séquence qui imaginait le monde à l’envers avec des chiens devenus géants tenant leurs maîtres en laisse, on la baptisa « La Séquence du monde à l’envers « .

(Cette scène ne vous interpelle pas ? Oui, rappelez-vous dans le film Le Bossu de Notre-Dame, pendant le Festival des Fous, vous verrez de quoi je parle….)

Voilà, pour ces différents aspects. On connait tous au final le scénario définitif et on peut saluer le travail remarquable de ceux qui l’ont traité avec brio.

Pour continuer, je parlerai de l’animation des personnages et des décors. Dans ces années là, l’animation va être bouleversée par une nouvelle technologie qui va révolutionner tous les prochains films d’animation. Cette nouvelle technologie s’intitule « l’écran large ou plus précisémment le CinémaScope « . Elle fut proposée car Hollywood cherchait un moyen d’arracher les spectateurs de leur poste de télévision, puisque grande nouveauté à cette époque. D’où l’initiative de mettre en place cette nouvelle technologie. Pourtant, beaucoup s’y opposèrent, car tout d’un coup l’écran semblait si large qu’il engendra toute une foison de problèmes pour les artistes travaillant dans le dessin animé, dans la mesure où les personnages menaçaient de se noyer dans une floppée de décors. Le directeur artistique Don Griffith jugeait cela à la fois risqué et motivant.

Ayant été fortement impressionné deux ans plus tôt par un film en CinémaScope The Robe (la Tunique), Disney avait opté pour cette nouveauté, car toute innovation le fascinait. Les travaux sur le film étaient déjà bien avancés, il a donc fallu faire machine arrière et redessiner des maquettes de décors pour s’adapter aux nouvelles dimensions.

De difficulté, le format devint un défi puis un atout. Les décorateurs allaient pouvoir se délecter sur de très longues feuilles où la caméra se déplacerait, ou plutôt donnerait l’illusion de se déplacer. L’intérêt résidait dans le fait que les personnages bougeraient bien davantage, et apparaîtraient plus souvent en pied, en particulier pour les animaux car l’on convint que les humains seraient seulement aperçus, voire coupés, afin d’insister volontairement sur le point de vue des chiens.

Les perspectives sont donc mises en valeur comme les dalles de trottoirs, les mosaïques de cuisine, les pavés devant le zoo etc…Les notions d’architecture s’avérèrent fort utiles. Parmi eux Ken Anderson joua un rôle primordial. Il s’inspira de demeures du Los Angeles des années vingt/trente. Plusieurs visites des zoos dans le parc Griffith (proche du Studio Burbank) et de San Diego allaient lui servir pour établir l’itinéraire du couple canin. Claude Coats se chargea aussi des formidables intérieurs, dont la table de chevet d’époque, une pure merveille. Lui et Dick Anthony se chargeaient ensuite de les peindre. Pour un grand nombre de maquettistes et de décorateurs, le travail sur ce long métrage reste une référence.

Quant aux personnages, de grands maîtres ont mis leur talent pour nous offrir une palette de personnages aussi attachants les uns que les autres. Pour ne citer que les plus connus, Ollie Johnston, Frank Thomas, Milt Kahl et Eric Larson ont contribué à l’évolution de Lady, Clochard, Jock et César. Il est intéressant de constater à quel point les gestes canins sont impeccablement rendus, notamment dans l’une des toutes premières scènes où l’on peut apercevoir Clochard au moment de son réveil. Quant à celui-ci, j’ai une petite anecdote à vous faire part : alors qu’il cherche un modèle pour le personnage de Clochard, le scénariste Ed Penner se retrouve soudain nez à nez avec le chien errant idéal. Mais le vagabond refuse de se laisser attraper ! Après deux jours de recherches, Penner retrouve son modèle….à la fourrière ! Ce Clochard, une femelle de un an, sera adopté illico par les studios Disney.

Le résultat final est plus qu’honorable et même plus car cette fois-ci les longues années de travail seront récompensées par l’accueil chaleureux des spectateurs dans les salles. D’autant plus que cette fois-ci, Walt Disney disposait d’une émission télé, ce qui lui permit de manier avec intelligence la promotion de son film en y projetant des extraits de son film et de tournages en coulisse. La formule fonctionna et fut reprise à présent pour chacun des films suivants et encore aujourd’hui, on peut constater à quel point cela fonctionne.

Encore aujourd’hui, La Belle et le Clochard représente « l’emblème » de Walt Disney, puisqu’il est pour beaucoup LE chef d’oeuvre incontesté, pour les tous petits mais aussi pour les plus grands. Un film donc, qui traverse des générations entières et qui traversera encore bien des décennies sans attraper une seule ride.

Et si par malchance vous ne le connaîtriez pas, alors je vous conseille d’urgence d’aller vous procurer la cassette de ce grands classiques Disney, qui est pour moi le plus beau de tous.

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